Face à la menace d’une seconde vague de la pandémie, les autorités camerounaises gagneraient à diligenter le processus de dématérialisation du système camerounais des marchés publics pour limiter son impact négatif sur l’économie.
Actuellement le secteur des marchés publics connait des dysfonctionnements qui obligent les populations à faire preuve de patience pour bénéficier des infrastructures budgétées pour eux par l’Etat du Cameroun en 2020 (écoles, centres de santé, routes, forages, etc.).
En effet, le pic de lancement des appels d’offres par les Maîtres d’ouvrage et Maîtres d’ouvrage délégués se situe généralement entre les mois de mars et mai de chaque année et la pandémie de la Covid-19 qui sévit actuellement au Cameroun depuis le mois de mars 2020 a des conséquences préjudiciables sur le déroulement des procédures de passation des marchés publics.
Les Maîtres d’ouvrage et les Maîtres d’ouvrage délégués dont les services techniques sont chargés d’apprêter les moutures des projets de dossiers d’appels d’offres (DAO) fonctionnent au ralenti, ils voient leur examen compromis par les Commissions de Passation des Marchés (CPM) compétentes qui ne peuvent pas travailler à cause du respect des mesures restrictives imposées par les autorités camerounaises pour limiter la propagation du virus.
Il faut savoir que les séances de dépouillement des offres qui se déroulent généralement dans des salles exiguës rassemblent un minimum de dix (10) personnes et pourraient être des lieux de contamination. Heureusement, certains Maîtres d’ouvrage ont engagé des travaux de réaménagement pour faire respecter la distanciation sociale et les mesures barrières.
L’autre difficulté concerne la participation des entreprises aux appels d’offres. En effet, la confection des offres de soumission dans un contexte marqué par d’une part, le fonctionnement au ralenti des diverses administrations émettrices pièces du dossier administratif – Covid-19 oblige -, et d’autre part, l’absence d’alternatives pour la délivrance en ligne desdites pièces, relève d’un véritable parcours de combattant.
Au demeurant, ces différents éléments d’appréciation laissent indubitablement entrevoir une baisse des activités de passation des marchés publics en 2020, avec pour corollaire la réduction du nombre de marchés à exécuter.
L’autre point névralgique de l’exécution, notamment pour les marchés de travaux, est les moyens financiers à consentir par les Cocontractants en vue de protéger les employés sur les sites des travaux. En l’absence de toutes mesures d’accompagnement de la part du Gouvernement camerounais, ces Cocontractants qui peinent déjà à se faire payer les décomptes des travaux exécutés, ont du mal à supporter l’achat des équipements de protection nécessaires (masques, gels hydroalcooliques, etc.), ce qui induit un avancement timide de leur exécution.
In fine, au terme de l’exercice en cours, les taux de passation et d’exécution des marchés publics seront certainement parmi les plus faibles enregistrés depuis au moins une décennie au Cameroun.
Face à la menace d’une seconde vague de la pandémie, et dans le souci de limiter l’impact de tels aléas, les autorités camerounaises gagneraient à diligenter le processus de dématérialisation du système engagé depuis quelques années.
De la sorte, la mesure instruisant par exemple aux administrations publiques à privilégier les moyens de communications électroniques et les outils numériques (…) pourra facilement être implémentée dans un secteur comme celui des marchés publics aux enjeux multiples.
Par Jules NDOPING, Expert en commande publique.